31 декември 2013

Pierre de Ronsard - Le prince des poètes: D'où le glacé Danube est voisin de la Thrace...




Pierre de Ronsard - Le prince des

poètes:

D'où le glacé Danube est voisin de la 

Thrace...



Par Latchezar Toshev

Pierre de Ronsard (1524-1585), le grand poète français de l’époque de la Renaissance, prince des poètes et fondateur de la Pléiade, publia dans son livre « Le Bocage », paru en 1554, une élégie consacrée au poète Remy Belleau. Il y parle de ses propres origines, décrivant le pays de ses ancêtres comme une région « D’où le glacé Danube est voisin de la Thrace ».

Voici un extrait de cette œuvre:


"...Or, quant à mon ancêtre, il a tiré sa race

D'où le glacé Danube est voisin de la Thrace.
Plus bas que la Hongrie, en une froide part,

Est un seigneur, nommé le Marquis de Ronsard,
Riche en villes et gens, riche d'or et de terre. 
 
Un de ses fils puînés, ardent de voir la guerre,
Un camp d'autres puînés assembla hasardeux,

Et quittant son pays, fait capitaine d'eux,
Traversa la Hongrie et la Basse Allemagne, 
 
Traversa la Bourgogne et toute la Champagne,
Et soudard vint servir Philippe de Valois

Qui pour lors avait guerre encontre les Anglais. 
 
Il s'employa si bien au service de France
Que le Roi lui donna des biens à suffisance 
 
Situés près du Loir, puis du tout oubliant
Frères, père et pays, Français se mariant 
 
Engendra les aïeux dont est sorti le père
Par qui le premier je vis cette belle lumière."...



Plus tard, ce texte fut l’objet de nombreuses discussions.

 
Mais un an seulement après la mort du grand poète, son ami et condisciple Claude BINET, qui l’accompagna pendant la dernière année de sa vie, publia en 1586 un « Discours de la vie de Pierre de Ronsard, gentilhomme vendômois ».



 


« Discours de la vie de Pierre de Ronsard, gentilhomme vendômois » par Claude Binet,1586.



Dès la première page, il y indique que la famille du célèbre poète est originaire de Hongrie et de Bulgarie. 
 
Toutefois, à en juger par le texte de Ronsard, la rive danubienne à laquelle il fait allusion est située en aval de la Hongrie.

István Szamota (1867-1895)
 

A ce propos, l’écrivain hongrois Istvan Szamota émit en 1891 l’hypothèse selon laquelle l’arrière grand-père de Pierre Ronsard était originaire de Svishtov, une ancienne ville bulgare située sur la rive la plus méridionale du Danube. (Oláh, bolgár vagy magyar eredetű volt-e Ronsard Péter, 1891).
 
 

 
 
 

 





Sur la plaque funèbre originale de Ronsard qui se trouve dans le prieuré « Saint Cosme » (elle fait partie aujourd’hui de l’exposition dans ce même prieuré) on lit l’inscription latine suivante : Cave viator, cave. Sacra haec humus est. Abi nefaste, quam calcas humum sacra est, Ronsardus enim iacet hic. Quo Oriente oriri musae, et Occidente commori ac secum inhumari volverunt. Hoc non invideant qui sunt supertites nec parem sortem sperent nepotes. Obiit VI.Kal.Ian. CƆIƆLXXXV. (Prends garde à toi, voyageur, cette terre est sacrée. Va ton chemin, homme indigne, la terre que tu foules est sacrée, car Ronsard y gît, celui que les muses ont fait naître en Orient et ont fait mourir et inhumer en Occident. Aussi ceux qui lui ont survécu ne doivent pas l’envier tout comme les descendants ne peuvent espérer avoir un destin pareil. Mort le 27 décembre 1585.).





La plaque funèbre originale de Ronsard dans le prieuré « Saint Cosme »

 
Les restes du poète ont été redécouverts en 1925. Aujourd’hui sa pierre tombale est gravée d’une inscription en français qui diffère sensiblement de l’inscription originale.
Une étude très détaillée sur l’origine de Pierre de Ronsard fut publiée à Montoire, non loin de Vendôme, par Jean Paul Fernon. J’ai eu l’occasion de la consulter, grâce à l’aimable collaboration de M. Panteley Tsankov, directeur du Centre euro-bulgare à Sofia.
 
Selon d’autres hypothèses, émises en France, la Thrace avait été évoquée par le poète par référence à sa descendance du célèbre aède antique Orphée. Nous savons, en effet, que Ronsard débuta par des traductions de poèmes de l’Antiquité grecque et romaine.
Pierre de Ronsard s’était-il mépris sur la région d’origine de ses ancêtres ?

Pour chercher la réponse à cette question, il serait bon tout d’abord de consulter le Larousse.



     
La carte de Larouse 

La carte ci-dessus montre que Ronsard avait raison!
La province romaine de Thrace s’étendait jusqu’au Danube.
Cela est confirmé par une preuve matérielle.
 
Dans le monastère de la Sainte-Trinité, non loin de l’ancienne capitale bulgare Veliko Tarnovo, sous le clocher, se trouve un bloc de pierre portant une inscription en latin que j’ai pu photographier personnellement.
Il s’agit d’une borne de démarcation de la frontière intérieure entre la Mésie et la Thrace, retrouvée à proximité de Suhindol, en Bulgarie septentrionale.

On peut y lire : « Sur ordre de l’auguste empereur Caesar Hadrien, fils du divin Traianus Parthicus, petit-fils du divin Nerva, père de la Patrie, tribun 20 ans et consul 3 ans, T. Rufin posa la frontière entre la Mésie et la Thrace ».


Inscription en latin dans le monastère de la Sainte-Trinité, non loin de l’ancienne capitale bulgare Veliko Tarnovo. Photo: Latchezar Toshev




Du vivant des ancêtres de Pierre de Ronsard, dans cette région danubienne de la préfecture de Thrace, il n’existait en Bulgarie qu’une seule ville, Svishtov. Son histoire, vieille de 2000 ans, a débuté par la construction d’une forteresse Novae sur le limes du Danube par la Première légion italique.

En cherchant des témoignages plus proches de la période de Pierre de Ronsard, nous trouvons les rapports d’un Italien qui a été en mission diplomatique chez le roi polonais Casimir IV Jagellon et chez son fils Jean I-er Albert Jagellon. Il s’agit de Filippo Buonaccorsi Callimachus (1437 – 1496). En passant par le fleuve du Danube, il écrit avoir remarqué “les ruines des forts de La Thrace”.(Philippi Callimachi Experientis ad Innocentium octavum, pontificem maximum, Genua ortum oriundumque de bella Turcis inferendo oratio, 1490) Voilà, 34 ans avant la naissance de Pierre de Ronsard, à l’ouest, terres bulgares situées sur la rive droite, ont été appelés « La Thrace ».



                          
                  La plaque funebre de Filippo Buonaccorsi Callimachus


                      
Le nom Ronsard est incontestablement français et existait come Ronzart, avant que le premier représentant de cette famille entreprenne un voyage vers la France.
 
 











Il est peut-être associé aux rosiers flamboyants représentés sur une frise du mur de la maison natale du poète, le Château de la Possonnière.

Les Rosiers flamboyants sur une frise du mur de la maison natale du Ronsard , le Château de la Possonnière.



 
 Les Rosiers flamboyants sur la cheminée de la maison natale du Ronsard , le Château de la Possonnière. 

 



La discussion aurait pu se prolonger si, en 1975, à la veille de Noël, le Bulgare Lubomir Jordanov n’avait pas découvert à la Bibliothèque nationale française un document sur les origines de la famille Ronsard, revêtu du sceau de la bibliothèque royale.Ce document se trouve au département « Vieux Manuscrits » de la Bibliothèque Nationale, sous le numéro 2540, Dossier 56832. 
 
Au début de 2010, soit 35 ans plus tard, moyennant une taxe de 25 euros et avec l’aimable assistance de Mlle Lubomira Valcheva, étudiante bulgare à Paris, j’obtins une copie en couleur de cet important document. 

 
Document sur le genealogie de la famille Ronsard, Bibliothèque Nationale, Paris



On peut y lire les informations suivantes sur l’arrière-grand-père de Pierre de Ronsard :

« Baudouin de Ronsard, de Bulgarie,
capitaine des Hongrois qu'il amena en France
au Roy Philippe de Valois contre les Anglais »


Cela met fin aux débats sur l’origine du grand poète français. 


 
À propos de ce débat, M. Stoyan Atanassov, professeur de littérature française à l’Université de Sofia, a déclaré lors de son exposé sur la poésie de Ronsard devant des parlementaires français :
 
 «  Il convient cependant de souligner que notre enquête sur les racines bulgares de Ronsard ne constitue pas du tout une tentative de « mettre la main » sur l’identité française de Ronsard. Pour nous, les racines bulgares du grand poète français ne sont qu’une preuve de plus que chaque quête d’origine conduit à une découverte de mélanges, de croisements, autrement dit, à une identité mixte. Cette vérité se vérifie aussi au niveau des cultures. Il n’y a pas de cultures ethniquement pures pas plus qu’il n’y a pas d’identités individuelles qui ne soient métissées. En ce sens nous pensons que Pierre de Ronsard peut devenir vraiment un pont entre la France et la Bulgarie. Il peut aussi nourrir, aujourd’hui, le dialogue et les rencontres de nos deux cultures ».
 
Cela met fin aux débats sur l’origine du grand poète français. Pierre de Ronsard est donc vraiment un pont entre la culture française et la culture bulgare.

C’est dans cet esprit que nous avons organisé, les 24 et 25 avril 2009 à Svishtov, les premières « Journées Ronsard » en Bulgarie, avec la participation de poètes, de musiciens et de comédiens bulgares et français.
Nous espérons que cette manifestation culturelle bulgaro-française se poursuivra.


























Attache culturel de France M. Yves - Jascques Cabasso a « Journées Ronsardienne » en Bulgarie, 2009 - a la ville Danubienne de Svishtov – « D'où le glacé Danube est voisin de la Thrace... »



 Latchezar Toshev  a « Journées Ronsardienne » en Bulgarie, 2009 - a la ville  de Svishtov»









La Rose "Pierre de Ronsard"









Dear Mister Toshev,
I have received your invitation to take part in the Bulgarian “Days of Ronsard” celebrating the life of Pierre de Ronsard. It is indeed unexpected and incredible that the French poet, who is beloved in France, and all over the world, has Bulgarian origins. I would have loved to be a part of the celebration in Svishtov. Unfortunately, I have an event in Los Angeles precisely on that date honoring me at a charity gala for the French college and will not be able to attend the “Days of Ronsard”. I hope your event will be a success and that it continues to promote French and Bulgarian cultural ties.
                                                      Sincerely
                                                                                         SYLVIE VARTAN



 

SESSION ORDINAIRE DE 2012
________________
(Première partie)
COMPTE RENDU
de la quatrième séance
Mardi 24 janvier 2012 à 15 h 30
(….)
La séance est ouverte à 15 h 35 sous la présidence de M. Mignon, Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
LE PRÉSIDENT – La séance est ouverte.
(....)
2. Le droit de chacun de participer à la vie culturelle
LE PRÉSIDENT – L’ordre du jour appelle la présentation et la discussion de l’excellent rapport de Mme Marland-Militello, au nom de la commission de la culture, de la science, de l’éduction et des médias, sur « Le droit de chacun de participer à la vie culturelle »
(…)
LE PRÉSIDENT* – La parole est à M. Toshev.
M. TOSHEV (Bulgarie)* – Monsieur le Président, Madame la rapporteure, Mesdames, Messieurs les membres de l’Assemblée parlementaire, 
La culture est une part importante de notre société. 
Elle permet de mesurer son degré de civilisation.
Le rapport de Mme Marland Militello est à juste titre centré sur cet aspect de la vie culturelle. La vie culturelle ne doit pas être considérée comme un privilège pour certains mais elle doit être étendue à tous. C’est la raison pour laquelle nous devons également souligner que la vie culturelle ne doit pas être réservée à certains – acteurs, écrivains, poètes et musiciens de haut niveau – mais ouverte à tous les citoyens.
La participation active à la vie culturelle permet de renforcer la cohésion sociale, de lutter contre l’exclusion et contribue notablement à socialiser des groupes marginalisés. Elle permettrait également d’encourager l’émergence d’une citoyenneté plus active. Je rappellerai que la thérapie par l’art a donné des résultats très positifs dans le traitement des enfants du Kosovo qui avaient été traumatisés par le conflit et qui étaient atteints de troubles psychologiques. Sans une vie culturelle, on se sent frustré, marginalisé et l’on ne peut participer efficacement à la société en tant que membre actif. Cela n’est pas bon non plus pour le développement de la démocratie.
C’est la raison pour laquelle la question ne se pose pas de savoir si il faut rapprocher tout un chacun de la vie culturelle mais comment permettre d’y participer plus activement.
À cet égard, j'évoquerai le festival franco-bulgare « Journée ronsardienne », consacré à Pierre de Ronsard, qui s’est tenu à Svishtov en avril 2009. Au cours de ce festival, tous les habitants de la ville et de la région étaient invités à rédiger leur propre poème sur les jardins de la municipalité. Sur toutes les branches des arbres de la ville, on avait accroché des feuilles portant des poèmes de Ronsard afin que tous les promeneurs puissent s’arrêter et les lire. Les citoyens ont ainsi pu comparer leurs propres poèmes avec les chefs-d’œuvre de Ronsard, ce qui a suscité un grand enthousiasme dans la région. Un concours a ensuite été organisé et le meilleur poème a été primé. De nombreux artistes français et bulgares ont donné des spectacles à cette occasion.
L’adoption des lignes directrices devrait être mise en œuvre par les Etats membres et ne pas rester lettre morte. Avec la réforme de notre Assemblée, le mécanisme de suivi mis en place devrait nous permettre d’avancer sur cette voie.

Commission des affaires culturelles et de l’éducation

Mercredi 3 novembre 2010

Séance de 9 heures

Compte rendu n° 11

Présidence de Mme Michèle Tabarot, présidente, et de M. Gvozden Flego, président de la Commission de la culture, de la science et de l’éducation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe
(...)
M. Latchezar Toshev, membre de la Commission de la culture, de la science et de l’éducation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Bulgarie). 
 Je m’associe à tous ceux qui ont exprimé leur gratitude aux membres de la délégation française de notre Assemblée pour avoir préparé cette réunion et cette audition qui revêtent une importance toute particulière.
Nous avons débattu à maintes reprises de la nécessité de préserver la culture, de la développer, de préserver notre patrimoine culturel. Nous avons également insisté sur les aspects éducatifs de la culture, sur la nécessité de donner la possibilité aux artistes de montrer leur art, de le faire partager à d’autres, la nécessité d’assurer un accès à la culture au grand public, au développement des marchés de la culture. Aujourd’hui, nous débattons d’un autre aspect et je voudrais dire mon admiration pour les efforts de notre rapporteure, Mme Marland-Militello, qui s’attelle à ce rapport, car chacun a le droit de participer à la vie culturelle, non pas seulement en tant que public, mais aussi en tant qu’acteur.
Il y a quelque dix ans, nous avions produit un rapport et voté une recommandation portant sur les zones défavorisées urbaines. Nous avions appelé les municipalités à faire en sorte que les populations des quartiers défavorisés puissent se rencontrer et débattre afin que, par exemple, leurs bâtiments soient plus jolis, plus accueillants. Cela participait d’un processus de transformation de l’esprit des gens, qui devaient entrer en contact les uns avec les autres. Finalement, la culture c’est un art de la communication. Et puis les personnes qui participent à ces activités sont moins isolées, moins frustrées. C’est l’un des aspects très importants de la culture.
Au cours de la guerre en ex-Yougoslavie, au Kosovo, une thérapie par l’art avait été mise en place auprès des enfants qui avaient souffert des événements qui s’étaient produits là-bas. Ce fut un succès. C’est encore un aspect important de la culture.
Je reviens sur un festival franco-bulgare qui a été organisé l’an dernier dans mon pays, en Bulgarie, La journée Pierre de Ronsard, projet qui a été lancé par votre humble serviteur. Il me semblait profitable d’établir des processus d’interaction entre la société bulgare et française. C’est pourquoi nous avons décidé d’intituler ce festival du nom de ce grand poète de la Renaissance, dont l’un des ancêtres venait de Bulgarie, dont nous avons retrouvé la trace. Voilà pourquoi nous avons utilisé son nom pour ce festival. A cette occasion, nous avons invité des musiciens, des acteurs, des peintres et de nombreux amateurs du monde culturel et artistique. Nous avons également invité tout un chacun, des personnes qui n’avaient jamais été liées directement à l’art pour qu’elles présentent leurs poèmes et laissent une forme de témoignage. Il faut, en effet, que chacun prenne conscience de l’importance à s’exprimer et à participer à la vie culturelle. Parfois, des personnes écrivent quelques vers et s’aperçoivent que leurs textes peuvent être publiés.
Nous avons publié en bulgare des poèmes de Pierre Ronsard pour montrer que la culture était accessible, même en dehors de lieux consacrés comme les bibliothèques. Dans les écoles, nous avons lancé des concours de poésie. Certains lauréats ont vu leurs vers publiés. Il s’agissait pour certains de messages adressés à des récipiendaires inconnus. Celles et ceux qui habituellement s’abstenaient de participer au processus culturel et qui se contentaient de regarder ce que faisaient les autres ont franchi le pas et notre projet fut couronné de succès.
Je pense que c’est vers cet objectif que tend votre rapport : que chacun participe à la vie culturelle. Je voulais témoigner de cet exemple positif, M. Mignon! Des représentants des différents théâtres ont participé, de Paris, de Marseille, des représentants de l’ambassade. Voilà donc un exemple de l’implication de la participation active des gens ordinaires. Votre rapport sera un excellent exemple de la manière dont on peut encourager chacun à participer à la vie culturelle. 
 Je vous remercie.


Inauguration de la rue Pierre de Ronsard à Sofia


L’ambassadeur de France a participé le 10 juillet 2013 à l’inauguration de la rue Pierre de Ronsard, située dans le quartier Ovtcha Koupel de Sofia à proximité de la Nouvelle Université bulgare et de l’Institut francophone pour l’administration et la gestion (IFAG).
Outre M. Autié, étaient présents à cet événement le maire adjoint à la culture de Sofia, Todor Tchobanov, le député français Jean-Claude Mignon, président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, et l’ancien député Latchezar Toshev.
Pierre de Ronsard (1524-1585) est en France et à l’étranger l’un des plus célèbres poètes français, emblématique de l’époque de la Renaissance. Son œuvre, déjà de son vivant populaire dans toute l’Europe, est découverte chaque année par des millions d’écoliers.
La rue Pierre-de-Ronsard rappellera aux Sofiotes la mémoire de celui qui avait été surnommé « le prince des poètes et le poète des princes », mais aussi « l’Orphée français ».                                                      
                                                                                  



Inauguration de la rue Pierre-de-Ronsard à Sofia
(10 juillet 2013) :
Allocution du Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Jean-Claude Mignon
 
Monsieur l’adjoint au Maire,
Monsieur l’Ambassadeur de France,
Cher Latchezar Toshev,
Mesdames, Messieurs, 
Je voudrais exprimer des remerciements particuliers à M.
Latchezar Toshev, mon ami de longue date. Il n’y a pas eu une
session parlementaire ces deux dernières années lors de laquelle il
n’ait pas entrepris de me convaincre de venir inaugurer la rue
Ronsard à Sofia. Et c’est avec grand plaisir que je suis ici
aujourd’hui parmi vous. 
Ronsard !

Que de souvenirs et de réflexions ce nom éveille en moi. Je ne peux tout d’abord que rappeler que né en 1524 et mort en 1585, il traversa l’une des pires périodes de l’histoire de
France, celle des guerres de religion. 
S’il était besoin, ce serait un utile rappel que la guerre, et pire que tout la guerre civile, est le
plus abominable fléau que nous puissions connaître. Huit guerres de religion entre1568 et 1598! Ronsard fut d’ailleurs ce que nous appellerions aujourd’hui un écrivain engagé, proche du pouvoir royal, mais qui dans l’ensemble fit preuve de modération au cours de ces atroces
guerres. Très lié en particulier à Charles IX, il n’hésita cependant pas à se prononcer contre la vénalité des offices ou pour la réduction de l’endettement de l’État. Poète officiel de la
Cour, il n’hésita pas à critiquer dans des termes vifs les projets de
Catherine de Médicis: 
Il ne faut plus que la Reine bâtisse
(...) Peintres, maçons, engraveurs, entailleurs,
sucent l’épargne avec leurs piperies.
Mais que nous sert son lieu des Tuileries?”
(Cité par Janine Garisson, Les derniers Valois, page 225, 2001)

Mais Pierre de Ronsard est avant tout celui qui a chanté
l’amour, des femmes et de la vie en général. « Vivre sans volupté,
c’est vivre sous la terre », écrivit-il. Et plus que tout raisonnement
intellectuel, c’est cet amour de la vie qui explique cette relative
modération dans une période où la modération était rare et
dangereuse. Et d’ailleurs si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est
avant tout pour célébrer l’auteur d’innombrables poèmes qui
constituent l’un des trésors de la langue française et de la
francophonie. Qui ne ressent pas quelque émotion lorsqu’il entend
ces vers fameux entre tous, « Mignonne, allons voir si la rose,
qui ce matin avait déclose... »? 
Poète savant, il est en même temps
populaire, lui qui soulignait « que les riches habits d’artifice pesants ne
sont jamais si beaux que la pure simplesse ». 
Il fut le fondateur d’un ensemble prestigieux d’auteurs
soucieux de défendre et promouvoir la langue française, la Pléiade,
qui donna son nom à l’une des collections les plus prestigieuses de
l’édition française. Nous avons donc le plaisir d’inaugurer aujourd’hui une rue
dont le nom symbolise l’attachement de la Bulgarie à la culture et à
la langue françaises.

 J’en remercie tout particulièrement la municipalité de Sofia, M. Toshev, dont je connais l’attachement à laFrance et à la francophonie, et M. l’Ambassadeur de France. 
Je ne peux que saluer avec enthousiasme tout ce qui contribuera à maintenir la diversité culturelle de notre planète, que la mondialisation soit également un enrichissement culturel et non
un appauvrissement. Arriver à ce résultat ne peut et ne doit être perçue comme une action défensive. Il nous faut au contraire d’une part enrichir la culture française des apports des autres pays francophones et aller dans notre propre pays vers les autres cultures. Ce ne peut être un mouvement à sens unique. 
Et comme nous célébrons aujourd’hui la poésie, je conclurai mon propos par quelques vers célèbres d’un autre de nos grands poètes: 
“De la musique avant toute chose
 et pour cela préfère l’impair
 plus vague et plus soluble dans l’air
 sans rien en lui qui pèse ou qui pose”.
(Verlaine, Art poétique. )

Je vous remercie de votre attention.