Pierre de Ronsard - Le prince
des
poètes:
poètes:
D'où le glacé Danube est voisin de la
Thrace...
Thrace...
Par Latchezar
Toshev
Pierre de Ronsard (1524-1585),
le grand poète français de l’époque de la Renaissance, prince
des poètes et fondateur de la Pléiade, publia dans son livre « Le
Bocage », paru en 1554,
une élégie consacrée au poète Remy
Belleau. Il y parle
de ses propres origines, décrivant le pays de ses ancêtres
comme une région
« D’où
le glacé Danube est voisin de la Thrace ».
Voici
un extrait de cette œuvre:
"...Or, quant à mon ancêtre, il a tiré
sa race
D'où le glacé Danube est voisin de la Thrace.
Plus bas que la Hongrie, en une froide part,
Est un seigneur, nommé le Marquis de Ronsard,
Riche en villes et gens, riche d'or et de terre.
Un de ses fils puînés, ardent de voir la guerre,
Un camp d'autres puînés assembla hasardeux,
Et quittant son pays, fait capitaine d'eux,
Traversa la Hongrie et la Basse Allemagne,
Traversa la Bourgogne et toute la Champagne,
Et soudard vint servir Philippe de Valois
Qui pour lors avait guerre encontre les Anglais.
Il s'employa si bien au service de France
Que le Roi lui donna des biens à suffisance
Situés près du Loir, puis du tout oubliant
Frères, père et pays, Français se mariant
Engendra les aïeux dont est sorti le père
Par qui le premier je vis cette belle lumière."...
Plus tard, ce texte fut l’objet de nombreuses
discussions.
Mais un an seulement après la mort du grand
poète, son ami et condisciple Claude BINET, qui l’accompagna
pendant la dernière année de sa vie, publia en 1586 un « Discours
de la vie de Pierre de Ronsard, gentilhomme vendômois ».
« Discours de la vie de Pierre
de Ronsard, gentilhomme vendômois » par
Claude Binet,1586.
Dès la première page, il y indique que la famille du célèbre
poète est originaire de Hongrie et de Bulgarie.
Toutefois, à en
juger par le texte de Ronsard, la rive danubienne à laquelle il fait
allusion est située en aval de la Hongrie.
István Szamota (1867-1895) |
A ce propos, l’écrivain
hongrois Istvan
Szamota
émit en 1891
l’hypothèse selon laquelle l’arrière grand-père de Pierre
Ronsard était originaire de Svishtov, une ancienne ville bulgare
située sur la rive la plus méridionale du Danube.
(Oláh, bolgár vagy magyar
eredetű volt-e Ronsard Péter, 1891).
Sur la plaque funèbre originale de Ronsard qui se
trouve dans le prieuré « Saint Cosme » (elle fait partie
aujourd’hui de l’exposition dans ce même prieuré) on lit
l’inscription latine suivante : Cave
viator, cave. Sacra haec humus est. Abi nefaste, quam calcas humum
sacra est, Ronsardus enim iacet hic. Quo
Oriente oriri musae, et Occidente commori ac secum inhumari
volverunt. Hoc non invideant qui
sunt supertites nec parem sortem sperent nepotes. Obiit VI.Kal.Ian.
CƆIƆLXXXV.
(Prends garde à toi, voyageur, cette terre
est sacrée. Va ton chemin, homme indigne, la terre que tu foules est
sacrée, car Ronsard y gît, celui que les muses ont fait naître en
Orient et ont fait mourir et inhumer en Occident. Aussi ceux qui lui
ont survécu ne doivent pas l’envier tout comme les descendants ne
peuvent espérer avoir un destin pareil. Mort le 27 décembre 1585.).
La plaque funèbre originale de Ronsard dans le prieuré
« Saint Cosme »
Les restes
du poète ont été redécouverts en 1925. Aujourd’hui sa pierre
tombale est gravée d’une inscription en français qui diffère
sensiblement de l’inscription originale.
Une étude très détaillée sur l’origine de Pierre de Ronsard fut
publiée à Montoire, non loin de Vendôme, par Jean Paul Fernon.
J’ai eu l’occasion de la consulter, grâce à l’aimable
collaboration de M. Panteley Tsankov, directeur du Centre
euro-bulgare à Sofia.
Selon d’autres hypothèses, émises en France, la Thrace avait été
évoquée par le poète par référence à sa descendance du célèbre
aède antique Orphée. Nous savons, en effet, que Ronsard débuta par
des traductions de poèmes de l’Antiquité grecque et romaine.
Pierre de Ronsard s’était-il mépris sur la région d’origine de
ses ancêtres ?
Pour
chercher la réponse à cette question, il serait bon tout d’abord
de consulter le Larousse.
La carte de Larouse
La carte ci-dessus montre que Ronsard avait
raison!
La province romaine de Thrace s’étendait
jusqu’au Danube.
Cela est confirmé par une preuve matérielle.
Dans le monastère de la Sainte-Trinité, non loin de l’ancienne
capitale bulgare Veliko Tarnovo, sous le clocher, se trouve un bloc
de pierre portant une inscription en latin que j’ai pu
photographier personnellement.
Il s’agit d’une borne de démarcation de la frontière intérieure
entre la Mésie et la Thrace, retrouvée à proximité de Suhindol,
en Bulgarie septentrionale.
On peut y lire : « Sur ordre de l’auguste empereur
Caesar Hadrien, fils du divin Traianus Parthicus, petit-fils du divin
Nerva, père de la Patrie, tribun 20 ans et consul 3 ans, T. Rufin
posa la frontière entre la Mésie et la Thrace ».
Inscription en latin dans le monastère de la Sainte-Trinité,
non loin de l’ancienne capitale bulgare Veliko Tarnovo. Photo: Latchezar Toshev
Du vivant des ancêtres de Pierre de Ronsard, dans
cette région danubienne de la préfecture de Thrace, il n’existait
en Bulgarie qu’une seule ville, Svishtov. Son histoire, vieille de
2000 ans, a débuté par la construction d’une forteresse Novae sur
le limes du Danube par la Première légion italique.
En
cherchant des témoignages plus proches de la période de Pierre de
Ronsard, nous trouvons les rapports d’un Italien qui a été en
mission diplomatique chez le roi polonais Casimir IV Jagellon et chez
son fils Jean I-er Albert Jagellon. Il s’agit de Filippo
Buonaccorsi Callimachus (1437 – 1496). En passant par le fleuve du
Danube, il écrit avoir remarqué “les ruines des forts de La
Thrace”.(Philippi
Callimachi Experientis
ad Innocentium
octavum, pontificem
maximum, Genua
ortum oriundumque
de bella
Turcis inferendo
oratio, 1490)
Voilà, 34 ans avant la naissance de Pierre de Ronsard, à l’ouest,
terres bulgares situées sur la rive
droite, ont été appelés « La Thrace ».
La plaque funebre de Filippo
Buonaccorsi Callimachus
Le nom Ronsard est incontestablement français et existait come Ronzart, avant que
le premier représentant de cette famille entreprenne un voyage vers
la France.
Il est peut-être associé aux rosiers flamboyants représentés sur
une frise du mur de la maison natale du poète, le Château de la
Possonnière.
Les Rosiers flamboyants sur une frise du mur de la maison
natale du Ronsard , le Château de la Possonnière.
Les Rosiers flamboyants sur la cheminée de la maison natale du Ronsard , le Château de la Possonnière.
La
discussion aurait pu se prolonger si, en 1975, à la veille de Noël,
le Bulgare Lubomir Jordanov n’avait pas découvert à la
Bibliothèque nationale française un document sur les origines de la
famille Ronsard, revêtu du sceau de la bibliothèque royale.Ce
document se trouve au département « Vieux Manuscrits »
de la Bibliothèque Nationale, sous le numéro 2540, Dossier 56832.
Au
début de 2010, soit 35 ans
plus tard, moyennant une taxe de 25 euros et avec l’aimable
assistance de Mlle Lubomira Valcheva, étudiante bulgare à Paris,
j’obtins une copie en couleur de cet important document.
Document
sur le genealogie de la famille Ronsard, Bibliothèque
Nationale, Paris
On peut y lire les informations suivantes sur
l’arrière-grand-père de Pierre de Ronsard :
« Baudouin de Ronsard, de
Bulgarie,
capitaine des Hongrois qu'il amena en France
au Roy Philippe de Valois contre les Anglais »
Cela met fin aux débats sur l’origine du grand poète français.
À propos de ce débat, M. Stoyan Atanassov,
professeur de littérature française à l’Université de Sofia, a
déclaré lors de son exposé sur la poésie de Ronsard devant des
parlementaires français :
« Il convient cependant de
souligner que notre enquête sur les racines bulgares de Ronsard ne
constitue pas du tout une tentative de « mettre la main »
sur l’identité française de Ronsard. Pour nous, les racines
bulgares du grand poète français ne sont qu’une preuve de plus
que chaque quête d’origine conduit à une découverte de mélanges,
de croisements, autrement dit, à une identité mixte. Cette vérité
se vérifie aussi au niveau des cultures. Il n’y a pas de cultures
ethniquement pures pas plus qu’il n’y a pas d’identités
individuelles qui ne soient métissées. En ce sens nous pensons que
Pierre de Ronsard peut devenir vraiment un pont entre la France et la
Bulgarie. Il peut aussi nourrir, aujourd’hui, le dialogue et les
rencontres de nos deux cultures ».
Cela met fin aux débats sur l’origine du grand poète français.
Pierre de Ronsard est donc vraiment un pont entre la culture
française et la culture bulgare.
C’est dans cet esprit que nous avons organisé, les 24 et 25 avril
2009 à Svishtov, les premières « Journées Ronsard » en
Bulgarie, avec la participation de poètes, de musiciens et de
comédiens bulgares et français.
Attache culturel de France M. Yves -
Jascques Cabasso a « Journées Ronsardienne » en
Bulgarie, 2009 - a la ville Danubienne de Svishtov – « D'où
le glacé Danube est voisin de la Thrace... »
Latchezar Toshev a « Journées Ronsardienne » en
Bulgarie, 2009 - a la ville de Svishtov»
Dear
Mister Toshev,
I
have received your invitation to take part in the Bulgarian “Days
of Ronsard” celebrating the life of Pierre de Ronsard. It is indeed
unexpected and incredible that the French poet, who is beloved in
France, and all over the world, has Bulgarian origins. I would have
loved to be a part of the celebration in Svishtov. Unfortunately, I
have an event in Los Angeles precisely on that date honoring me at a
charity gala for the French college and will not be able to attend
the “Days of Ronsard”. I hope
your event will be a success and that it continues to promote French
and Bulgarian cultural ties.
Sincerely
SYLVIE
VARTAN
SESSION ORDINAIRE DE 2012
________________
(Première partie)
COMPTE RENDU
de la quatrième séance
Mardi 24 janvier 2012 à 15 h 30
(….)
La séance est ouverte à 15 h 35 sous la présidence
de M. Mignon, Président de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe.
LE PRÉSIDENT – La séance est ouverte.
(....)
2. Le droit de chacun de participer à la vie
culturelle
LE PRÉSIDENT – L’ordre du jour appelle la
présentation et la discussion de l’excellent rapport de Mme
Marland-Militello, au nom de la commission de la culture, de la
science, de l’éduction et des médias, sur « Le droit de chacun
de participer à la vie culturelle »
(…)
LE PRÉSIDENT* – La parole est à M. Toshev.
M. TOSHEV (Bulgarie)* – Monsieur le
Président, Madame la rapporteure, Mesdames, Messieurs les membres de
l’Assemblée parlementaire,
La culture est une part importante de
notre société.
Elle permet de mesurer son degré de civilisation.
Le rapport de Mme Marland Militello est à
juste titre centré sur cet aspect de la vie culturelle. La vie
culturelle ne doit pas être considérée comme un privilège pour
certains mais elle doit être étendue à tous. C’est la raison
pour laquelle nous devons également souligner que la vie culturelle
ne doit pas être réservée à certains – acteurs, écrivains,
poètes et musiciens de haut niveau – mais ouverte à tous les
citoyens.
La participation active à la vie culturelle permet
de renforcer la cohésion sociale, de lutter contre l’exclusion et
contribue notablement à socialiser des groupes marginalisés. Elle
permettrait également d’encourager l’émergence d’une
citoyenneté plus active. Je rappellerai que la thérapie par l’art
a donné des résultats très positifs dans le traitement des enfants
du Kosovo qui avaient été traumatisés par le conflit et qui
étaient atteints de troubles psychologiques. Sans une vie
culturelle, on se sent frustré, marginalisé et l’on ne peut
participer efficacement à la société en tant que membre actif.
Cela n’est pas bon non plus pour le développement de la
démocratie.
C’est la raison pour laquelle la question ne se
pose pas de savoir si il faut rapprocher tout un chacun de la vie
culturelle mais comment permettre d’y participer plus activement.
À cet égard, j'évoquerai le festival
franco-bulgare « Journée ronsardienne », consacré à Pierre de
Ronsard, qui s’est tenu à Svishtov en avril 2009. Au cours de ce
festival, tous les habitants de la ville et de la région étaient
invités à rédiger leur propre poème sur les jardins de la
municipalité. Sur toutes les branches des arbres de la ville, on
avait accroché des feuilles portant des poèmes de Ronsard afin que
tous les promeneurs puissent s’arrêter et les lire. Les citoyens
ont ainsi pu comparer leurs propres poèmes avec les chefs-d’œuvre
de Ronsard, ce qui a suscité un grand enthousiasme dans la région.
Un concours a ensuite été organisé et le meilleur poème a été
primé. De nombreux artistes français et bulgares ont donné des
spectacles à cette occasion.
L’adoption des lignes directrices devrait être
mise en œuvre par les Etats membres et ne pas rester lettre morte.
Avec la réforme de notre Assemblée, le mécanisme de suivi mis en
place devrait nous permettre d’avancer sur cette voie.
Commission des affaires culturelles et de l’éducation
Mercredi 3 novembre 2010
Séance de 9 heures
Compte rendu n° 11
Présidence de Mme Michèle Tabarot, présidente, et de M. Gvozden Flego, président de la Commission de la culture, de la science et de l’éducation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe
(...)
M. Latchezar Toshev, membre de la Commission de la
culture, de la science et de l’éducation de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe (Bulgarie).
Je
m’associe à tous ceux qui ont exprimé leur gratitude aux membres
de la délégation française de notre Assemblée pour avoir préparé
cette réunion et cette audition qui revêtent une importance toute
particulière.
Nous avons débattu à maintes reprises de la nécessité de
préserver la culture, de la développer, de préserver notre
patrimoine culturel. Nous avons également insisté sur les aspects
éducatifs de la culture, sur la nécessité de donner la possibilité
aux artistes de montrer leur art, de le faire partager à d’autres,
la nécessité d’assurer un accès à la culture au grand public,
au développement des marchés de la culture. Aujourd’hui, nous
débattons d’un autre aspect et je voudrais dire mon admiration
pour les efforts de notre rapporteure, Mme Marland-Militello, qui
s’attelle à ce rapport, car chacun a le droit de participer à la
vie culturelle, non pas seulement en tant que public, mais aussi en
tant qu’acteur.
Il y a quelque dix ans, nous avions produit un rapport et voté
une recommandation portant sur les zones défavorisées urbaines.
Nous avions appelé les municipalités à faire en sorte que les
populations des quartiers défavorisés puissent se rencontrer et
débattre afin que, par exemple, leurs bâtiments soient plus jolis,
plus accueillants. Cela participait d’un processus de
transformation de l’esprit des gens, qui devaient entrer en contact
les uns avec les autres. Finalement, la culture c’est un art de la
communication. Et puis les personnes qui participent à ces activités
sont moins isolées, moins frustrées. C’est l’un des aspects
très importants de la culture.
Au cours de la guerre en ex-Yougoslavie, au Kosovo, une thérapie
par l’art avait été mise en place auprès des enfants qui avaient
souffert des événements qui s’étaient produits là-bas. Ce fut
un succès. C’est encore un aspect important de la culture.
Je reviens sur un festival franco-bulgare qui a été organisé
l’an dernier dans mon pays, en Bulgarie, La journée Pierre de
Ronsard, projet qui a été lancé par votre humble serviteur. Il
me semblait profitable d’établir des processus d’interaction
entre la société bulgare et française. C’est pourquoi nous avons
décidé d’intituler ce festival du nom de ce grand poète de la
Renaissance, dont l’un des ancêtres venait de Bulgarie, dont nous
avons retrouvé la trace. Voilà pourquoi nous avons utilisé son nom
pour ce festival. A cette occasion, nous avons invité des musiciens,
des acteurs, des peintres et de nombreux amateurs du monde culturel
et artistique. Nous avons également invité tout un chacun, des
personnes qui n’avaient jamais été liées directement à l’art
pour qu’elles présentent leurs poèmes et laissent une forme de
témoignage. Il faut, en effet, que chacun prenne conscience de
l’importance à s’exprimer et à participer à la vie culturelle.
Parfois, des personnes écrivent quelques vers et s’aperçoivent
que leurs textes peuvent être publiés.
Nous avons publié en bulgare des poèmes de Pierre Ronsard pour
montrer que la culture était accessible, même en dehors de lieux
consacrés comme les bibliothèques. Dans les écoles, nous avons
lancé des concours de poésie. Certains lauréats ont vu leurs vers
publiés. Il s’agissait pour certains de messages adressés à des
récipiendaires inconnus. Celles et ceux qui habituellement
s’abstenaient de participer au processus culturel et qui se
contentaient de regarder ce que faisaient les autres ont franchi le
pas et notre projet fut couronné de succès.
Je pense que c’est vers cet objectif que tend votre rapport :
que chacun participe à la vie culturelle. Je voulais témoigner de
cet exemple positif, M. Mignon! Des représentants des différents
théâtres ont participé, de Paris, de Marseille, des représentants
de l’ambassade. Voilà donc un exemple de l’implication de la
participation active des gens ordinaires. Votre rapport sera un
excellent exemple de la manière dont on peut encourager chacun à
participer à la vie culturelle.
Je vous remercie.
Inauguration de la rue Pierre de Ronsard à Sofia
L’ambassadeur de France a participé le 10 juillet 2013 à
l’inauguration de la rue Pierre de Ronsard, située dans le
quartier Ovtcha Koupel de Sofia à proximité de la Nouvelle
Université bulgare et de l’Institut francophone pour
l’administration et la gestion (IFAG).
Outre M. Autié, étaient présents à cet événement le maire
adjoint à la culture de Sofia, Todor Tchobanov, le député français
Jean-Claude Mignon, président de l’Assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe, et l’ancien député Latchezar Toshev.
Pierre de Ronsard (1524-1585) est en France et à l’étranger
l’un des plus célèbres poètes français, emblématique de
l’époque de la Renaissance. Son œuvre, déjà de son vivant
populaire dans toute l’Europe, est découverte chaque année par
des millions d’écoliers.
La rue Pierre-de-Ronsard rappellera aux Sofiotes la mémoire de
celui qui avait été surnommé « le prince des poètes et le poète
des princes », mais aussi « l’Orphée français ».
(10 juillet 2013) :
Allocution du Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Jean-Claude Mignon
Monsieur l’adjoint au Maire,
Monsieur l’Ambassadeur de France,
Cher Latchezar Toshev,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais exprimer des remerciements particuliers à M.
Latchezar Toshev, mon ami de longue date. Il n’y a pas eu une
session parlementaire ces deux dernières années lors de laquelle
il
n’ait pas entrepris de me convaincre de venir inaugurer la rue
Ronsard à Sofia. Et c’est avec grand plaisir que je suis ici
aujourd’hui parmi vous.
Ronsard !
Que de souvenirs et de réflexions ce nom éveille en moi. Je ne peux tout d’abord que rappeler que né en 1524 et mort en 1585, il traversa l’une des pires périodes de l’histoire de
Que de souvenirs et de réflexions ce nom éveille en moi. Je ne peux tout d’abord que rappeler que né en 1524 et mort en 1585, il traversa l’une des pires périodes de l’histoire de
France, celle des guerres de religion.
S’il était besoin, ce serait un utile rappel que la guerre, et pire que tout la guerre civile, est le
S’il était besoin, ce serait un utile rappel que la guerre, et pire que tout la guerre civile, est le
plus abominable fléau que nous puissions connaître. Huit guerres de religion entre1568 et 1598! Ronsard fut d’ailleurs ce que
nous appellerions aujourd’hui un écrivain engagé, proche du pouvoir royal, mais qui dans l’ensemble fit preuve de modération au cours de ces atroces
guerres. Très lié en particulier à Charles IX, il n’hésita cependant pas à se prononcer contre la vénalité des offices ou pour la réduction de l’endettement de l’État. Poète
officiel de la
Cour, il n’hésita pas à critiquer dans des termes vifs les
projets de
Catherine de Médicis:
“Il ne faut plus que la Reine bâtisse
(...) Peintres, maçons, engraveurs, entailleurs,
sucent l’épargne avec leurs piperies.
Mais que nous sert son lieu des Tuileries?”
(Cité par Janine Garisson, Les derniers Valois,
page 225, 2001)
Mais Pierre de Ronsard est avant tout celui qui a chanté
l’amour, des femmes et de la vie en général. « Vivre sans
volupté,
c’est vivre sous la terre », écrivit-il. Et plus que tout
raisonnement
intellectuel, c’est cet amour de la vie qui explique cette
relative
modération dans une période où la modération était rare et
dangereuse. Et d’ailleurs si nous sommes réunis ici
aujourd’hui, c’est
avant tout pour célébrer l’auteur d’innombrables poèmes qui
constituent l’un des trésors de la langue française et de la
francophonie. Qui ne ressent pas quelque émotion lorsqu’il
entend
ces vers fameux entre tous, « Mignonne, allons voir si la rose,
qui ce matin avait déclose... »?
Poète savant, il est en même temps
populaire, lui qui soulignait « que les riches habits d’artifice
pesants ne
sont jamais si beaux que la pure simplesse ».
Il fut le fondateur d’un ensemble prestigieux d’auteurs
soucieux de défendre et promouvoir la langue française, la
Pléiade,
qui donna son nom à l’une des collections les plus
prestigieuses de
l’édition française. Nous avons donc le plaisir d’inaugurer
aujourd’hui une rue
dont le nom symbolise l’attachement de la Bulgarie à la culture
et à
la langue françaises.
J’en remercie tout particulièrement la municipalité de Sofia, M. Toshev, dont je connais l’attachement à laFrance et à la francophonie, et M. l’Ambassadeur de France.
J’en remercie tout particulièrement la municipalité de Sofia, M. Toshev, dont je connais l’attachement à laFrance et à la francophonie, et M. l’Ambassadeur de France.
Je ne peux que saluer avec enthousiasme tout ce qui contribuera à maintenir la diversité culturelle de notre
planète, que la mondialisation soit également un enrichissement culturel et
non
un appauvrissement. Arriver à ce résultat ne peut et ne doit
être perçue comme une action défensive. Il nous faut au contraire
d’une part enrichir la culture française des apports des autres pays francophones et aller dans notre propre pays vers les autres cultures. Ce ne peut être un mouvement à sens unique.
Et comme nous célébrons aujourd’hui la poésie, je conclurai mon propos par quelques vers célèbres d’un autre de
nos grands poètes:
“De la musique avant toute chose
et pour cela préfère l’impair
plus vague et plus soluble dans l’air
sans rien en lui qui pèse ou qui pose”.
(Verlaine, Art poétique. )
Je vous remercie de votre attention.